Enquête du cabinet sur le fonctionnement et l’organisation des maisons de santé pluriprofessionnelle (MSP)

Introduites par la loi de financement de la sécurité sociale du 19 décembre 2007, les MSP n’ont cessé de se développer depuis. Ainsi, entre 2008 et 2020, 1 300 MSP ont été créées en France, majoritairement implantées dans des territoires médicalement défavorisés. Mode d’exercice attractif pour les professionnels libéraux, les MSP présentent l’intérêt de pallier les difficultés d’accès aux soins dans les zones où les professionnels de santé se raréfient, tout en permettant d’améliorer la continuité et la qualité des soins dans un cadre d’exercice collectif et coordonnée.

Le cabinet Eliane Conseil a lancé une consultation auprès de 114 MSP afin de recueillir des informations sur le fonctionnement et l’organisation de ces structures et dans le but d’identifier les éventuelles problématiques auxquelles ces elles sont confrontées.

18 MSP ont répondu à cette enquête. Les résultats qui ne sauraient être généralisés au vu de la faiblesse de l’échantillon sont synthétisés dans ce court article.

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Des résultats très positifs

Les résultats de l‘enquête sont très positifs. Toutes les MSP interrogées notent une réelle plus-value de ce mode d’exercice, tant pour les professionnels qui y exercent, que pour les patients qui les fréquentent. Les projets de santé sont cohérents avec ceux définis au démarrage des MSP, et déployés à l’appui d’outil et matériel globalement satisfaisants.

Sur le plan humain, les MSP interrogées comptent entre 6 et 28 membres de la SISA de la structure juridique porteuse (SISA) avec une moyenne de 15 professionnels et une médiane à 12, en augmentation pour la plupart des MSP, signe d’une certaine vitalité. Les professionnels participants au projet de santé, associés de la SISA ou non, sont entre 8 et 30 par MSP avec une moyenne établie à 18 et une médiane à 15,5.

Toutes les MSP indiquent disposer d’une fonction de coordination, le plus souvent exercée par un un(e) salarié (dans 56% des cas). Au global, les MSP font part d’une dynamique d’équipe active et satisfaisante.

Sur le plan matériel, elles déclarent disposer de locaux globalement satisfaisants. Elles peuvent être monosites comme multisites. Ainsi, dans 56% des situations, les MSP comptent des professionnels exerçant en dehors des locaux de la structure.

Par ailleurs, l’ensemble des MSP interrogées disposent d’un logiciel médical partagé pour les dossiers patients par l’Agence du Numérique en Santé.

Quelques problématiques identifiées

Trois points attirent notre attention. En premier lieu, nous notons une sous-utilisation du logiciel communiquant par les professionnels paramédicaux, qui font majoritairement le choix de conserver leur logiciel métier. Parmi les MSP interrogées, la moitié d’entre elles affirment que le logiciel est régulièrement utilisé par les paramédicaux. La double utilisation logiciel métier/dossier patient informatisé, et la difficulté de renseigner le dossier patient à distance, notamment lors des soins à domicile, ont été relevées comme étant des freins à une utilisation plus généralisée.

Par ailleurs, certaines MSP font état de difficultés pour à réaliser leurs réunions de concertation pluriprofessionnelles (RCP). Elles imputent ces difficultés au manque de temps, et au contexte sanitaire actuel (Covid-19).

Enfin, l’accroissement du volume de professionnels à des impacts sur l’infrastructure, avec un besoin d’espaces supplémentaires. Dans la moitié des cas où le nombre de professionnels au sein de la structure a augmenté, cela a eu un impact – ou va avoir un impact – sur les infrastructures de la MSP en termes d’agrandissement de locaux, d’acquisition/location de sites annexes, déménagement, …

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En somme, malgré des points d’amélioration marginaux, les résultats de cette enquête sont très encourageants et concordent avec les orientations des politiques qui ambitionnent de développer davantage l’exercice collectif et de faire de l’exercice isolé une minorité.

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